Dimanche dernier, les 32 figaristes ont pris le départ de la deuxième étape de la Solitaire du Figaro Paprec depuis Kinsale, en Irlande. Un soleil radieux, une mer plate et une légère brise donnaient le ton d’une étape qui se révèlera particulièrement longue… Il faudra être bien patient pour arriver à bout des 560 miles à parcourir à destination de la Baie de Morlaix. Jules a tenu tout le monde en haleine. Après avoir franchi en seconde position le « sprint intermédiaire », le skipper d’ORCOM a animé la tête de la flotte pendant plus de 48h avant de s’embourber dans la pétole pour une interminable dernière ligne droite. Après 4 jours, 12 heures et 3 minutes de lutte, Jules a passé la ligne d’arrivée en pleine nuit ce vendredi matin, 7 heures et 53 minutes après le vainqueur de cette étape Basile Bourgnon (EDENRED).
Acte 1 : animer la course
Le suspens a duré jusqu’au bout sur la deuxième étape de La Solitaire du Figaro Paprec (Kinsale – Roscoff). 4 jours et 4 nuits physiquement intenses certes, mais surtout, mentalement éprouvantes… Dès le départ les 32 figaristes quittent l’Irlande sous un vent d’à peine 5 nœuds. Les partisans d’une option côtière remportent la première bataille. Le pointage intermédiaire est sans appel, Hugo Dhalenne, Jules Delpech et Alexis Loison s’échappent en tête et s’attribuent dans l’ordre les primes de cinq, trois, et une minute qui leur seront décomptées lors du classement final. Les skippers devaient alors descendre cette cruelle mer d’Irlande. Alexis Loison s’empare des commandes de la flotte en enroulant le premier le phare de Chicken Rock devant Hugo Dhallene et suivi de très près par jules. Les 13 premiers Figaros s’étalent alors sur seulement 10 miles… La chasse aux leaders est ouverte !
A l’arrivée à Roscoff, Jules se remémore : « C’était en effet un très bon début de course. Hugo Dhalenne a magnifiquement navigué. Le groupe de tête était vraiment dans une belle bagarre, je me suis vraiment fait plaisir, je me suis lâché pour faire de bons coups, j’ai fait ce que je voulais faire et n’ai pas hésité à attaquer dans tous les coins. Le pauvre Hugo devait se sentir malmené, mais il a magnifiquement bien réagi et a résisté tout du long. Finalement je termine loin devant tout ce groupe-là, c’était une vraie satisfaction. »
Acte 2 : le coup de théâtre
En approche de la sortie de la mer d’Irlande, le vent s’écroule. Deux options se dessinent au passage du DST Small, situé au large des côtes sud-ouest du Pays de Galles : prendre le large par l’extérieur ou l’intérieur à l’est ? Toujours en tête du peloton, Jules décide de passer au large tout comme Alexis Loison. Seul Gaston Morvan à l’arrière du groupe de tête a choisi l’autre option… et prendra finalement la tête de la course.
Les classements sont alors totalement chamboulés. Coup dur pour Jules qui se retrouve relégué à la 21e place. La pétole s’installe et la guerre des nerfs débute pour les 32 figaristes. « La pétole c’est vraiment difficile, c’est une loterie impardonnable. On a l’impression que tout est contre nous, qu’on n’a pas de chance… malgré tout mentalement il faut y croire et s’accrocher fortement. On a tous craqué moralement à un moment ou à un autre. Moi j’ai pleuré, j’ai hurlé, j’ai crié pendant ½ heure et ensuite tout est redescendu. C’est une phase inévitable sur une étape aussi longue. Au bout de 4 jours, on est épuisés et le plus difficile c’est que l’on ne peut pas dormir pour ne pas passer à côté du moindre souffle d’air qui serait l’occasion de gagner quelques mètres. Il faut être sur les réglages des voiles tout le temps. Nous sommes à la merci des éléments. Il faut alors compter sur son état mental ! Tout s’est joué dans ces heures de pétole… elle est comme cela La solitaire du Figaro ! »
Evidemment il y a une part de déception pour le skipper d’ORCOM qui ne se retrouve pas dans ce classement final, mais aussi une si grande fierté d’avoir navigué au plus haut niveau « Ce qui me console c’est que beaucoup de monde et de skippers ont remarqué que j’avais fait 2 étapes dans le groupe de tête. Cela se voit vraiment que j’ai beaucoup progressé et cela me fait plaisir d’avoir cette reconnaissance. Cette 2e étape a creusé les écarts entre les bateaux. Il va falloir faire une 3e étape incroyable, continuer à performer. C’est ce qui me relance pour me battre. L’objectif est de faire une bonne place sur cette 3e étape ! »
Le rendez-vous est donné. Le départ de la 3e et dernière étape sera donné ce dimanche de Roscoff vers Piriac sur mer, avec dans le viseur une double traversée du Golfe de Gascogne, via Gijon. Et on le sait, le Golfe de Gascogne peut offrir des situations météorologiques complexes et de grandes surprises !
Parcours
Étape #1 Caen – Kinsale : 610 milles nautiques
Départ le 27 août.
Étape #2 Kinsale – Baie de Morlaix : 630 milles nautiques
Départ le 3 septembre.
Étape #3 Baie de Morlaix – Piriac-sur-Mer : 620 milles nautiques
Départ le 10 septembre (arrivée prévue le 13 septembre)
Pour suivre la solitaire du Figaro : https://www.lasolitaire.com/