La directive européenne sur le reporting de durabilité des sociétés (CSRD) ambitionne de transformer l’économie en profondeur en imposant des normes strictes de transparence. Emilie Thibault, expert-comptable et associée ORCOM en charge de la RSE, interviewée pour le magazine « Stratégies », revient sur les enjeux de la CSRD pour l’entreprise
[Emilie Thibault] « Entrant en vigueur à partir du 1er janvier 2024, la CSRD exige que les entreprises publient des informations détaillées sur leurs impacts sociaux, environnementaux, et de gouvernance, allant ainsi au-delà des exigences de la directive précédente sur le reporting extra-financier (DPEF). La nouvelle directive élargit le champ d’application à un plus grand nombre de sociétés, créant un référentiel commun pour faciliter la comparaison entre les entreprises d’un même secteur. De manière significative, elle rend obligatoire la vérification des déclarations par un Organisme Tiers Indépendant, renforçant ainsi la fiabilité des informations fournies. ORCOM est d’ailleurs en phase de certification par le COFRAC pour être OTI.
L’un des aspects les plus novateurs de la CSRD est le concept de double matérialité. Cette approche oblige les entreprises à déclarer non seulement comment les risques sociaux et environnementaux impactent leurs résultats financiers, mais également comment leur activité influence l’environnement et le social, en utilisant des indicateurs concrets tels que la consommation d’eau, les émissions de CO2, ou la circularité.
La CSRD va au-delà d’une simple obligation de conformité réglementaire. En instaurant une norme de reporting unifiée, elle favorise la comparabilité des données entre les entreprises, offrant ainsi aux investisseurs, aux banques, et aux autres parties prenantes des informations fiables pour prendre des décisions éclairées. Cette transparence accrue contribuera à prévenir le greenwashing, renforçant la confiance des parties prenantes dans les informations publiées par les entreprises.
À terme, la CSRD peut influencer les modèles économiques. Les entreprises devront adapter leurs stratégies pour répondre aux nouvelles exigences, favorisant ainsi une transition vers des activités de production ou de service plus durables. Bien que la CSRD n’impose pas de sanctions directes, elle créera une pression du marché, incitant les entreprises à adopter des pratiques responsables pour rester compétitives. En somme, la CSRD représente une étape clé vers une économie européenne plus durable, promouvant la responsabilité et la transparence comme des piliers essentiels de la performance. »
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