Il y a une semaine jour pour jour avait lieu le prologue du Tour de Bretagne où concourrent notre skipper ORCOM Jules Delpech et son frère Noé. Pour ce premier tour de chauffe en mer, ils avaient une invitée à bord du Figaro Orcom. Christine Allaeys, notre responsable communication, a « eu la chance et le privilège » de partager cette aventure pendant quelques heures avec eux. Elle nous revient de Saint-Malo avec son journal de bord.
« Dimanche 15h27. Sms de Bruno Rouillé. Jules vient de lui envoyer un message pour lui dire qu’il est possible d’inviter un équipier pour participer au prologue du Tour de Bretagne vendredi. J’ai 3 minutes pour répondre. Je dis oui, même si en novice de la voile, j’ignore réellement ce qu’on attend de moi… La seule perspective de vivre un petit bout de cette aventure même à quai me ravit. Mais quand 3 textos plus tard je comprends que je serai sur le bateau pendant la course, c’est une déferlante d’excitation, de joie jubilatoire et de fierté qui me submerge… ça tombe plutôt bien on va rester dans le thème de la mer 🙂 J’avoue, je n’ai jamais fait de voile ! Même pas peur… c’est grave skipper ?
Mardi 11h14. Je demande à mon mentor es voile s’il a des conseils : j’apprends la règle des 4 F à éviter pour être malade sur un bateau : Froid – Faim – Fatigue – Frousse et même un 5e : Foif 🙂 . Premier brief très instructif pour un pied qui s’ignore marin. Objectif bonne hygiène de vie pour les 3 jours à venir.
Mercredi 15h30. J’apprends qu’il faut une licence de voile d’1 jour. On verra sur place avec l’organisateur. C’est déjà après-demain.
Jeudi 10h30. Oups, help, il faut un certificat médical pour la licence. J’ai 3 réunions et je pars à 16h00. Vive les consultations en ligne… certificat, licence, sac étanche… tout est prêt et je décolle à 17h00. Le gps dit arrivée à 20h50.
20h10, l’hôtel m’appelle… En optimist « e » j’avais annoncé 19h00… J’arrive. 20h50 je jette mon sac dans ma chambre, échange escarpins contre baskets et cours vers le port.
21h00, je vois les bateaux, Figaro Orcom en approche… il est bleu, beau, je le photographie sous toutes les coutures, mais il semble vide. Où est la team ? J’ai beau chercher, je ne les trouverai pas ce soir. Les Delpech sont déjà en train de préparer leur course du lendemain. Tant pis, il me reste un diaporama à terminer.
23h00, impossible d’aller dormir, trop d’excitation dans l’air, la nuit est magnifique, un vent juste ce qu’il faut pour faire flapper tous les drapeaux. C’est à la fois calme, joyeux, inspirant. Je respire. J’adore. Mon diaporama peut bien attendre un peu.
Vendredi 2h30 du mat. J’entends les mouettes. Pour le F de fatigue, c’est rapé 🙁
Vendredi 8h00. Petits yeux, Petit dej. Je m’oblige à manger. J’ai déjà pas coché le F de Fatigue, autant éviter le F de Faim… Le temps est maussade mais doux. Short ou pantalon… that is the question ?
Vendredi 10h30. Je rends ma chambre. Seulement ma chambre. RdV à 11h00 avec Jules sur le quai.
11h00. Je vois Jules en grande discussion avec Mathieu son préparateur. Bonjour, bienvenue. On y est. Visite du bateau, premières explications, ordinateur de bord, cartes, météo, polaires, choix du parcours… C’est foisonnant, technique, pointu, et en même temps tellement aléatoire en fonction des éléments. Un avant-goût d’aventure. Partage d’une passion. Je suis déjà aux anges. Noé arrive avec un grand sac. On t’a pris un sandwich 🙂 Trop sympa les gars. Papa Delpech est arrivé la veille de la Réunion pour suivre les fistons jusqu’à Saint Nazaire. Je découvre que les Delpech sont voileux de père en fils, et que cette passion familiale a scellé leurs destins à la mer et à la compet. Et aussi que c’est papa qui a acheté les sandwichs et les desserts 🙂 …
11h30. Direction le sas de l’écluse du Naye de St Malo. Embouteillage pour une pause technique : les skippers s’attachent pour faire entrer près de 40 bateaux sur un tronçon de 150 m de long par seulement 21 m de large… le temps que la mise à niveau nous libère (tirant d’eau de 9 m). Petite vidéo, prise de nouvelles du pilote automatique tombé en rade la veille (réparé, je suis rassurée 🙂 ). On en profite pour grignoter. Impressionnant d’être au milieu de tous ces Figaro. Ça rigole, ça chambre… J’apprends que, la veille, Jules s’est trompé de groupe Whats App pour poster une vidéo destinée à sa fille de 3 ans… Pour la famille Figaro, ce sera désormais Tonton Noé !
12h30. La corne de brume sonne le départ. Je me fais toute petite, à l’arrière du bateau. Noé est à la barre, Jules à la manœuvre, entre l’ordinateur, les changements de voiles, les virements de bord. C’est un ballet incessant, allégé par les foils. Alors, est-ce que les Figaro volent avec leurs foils ? Non pas réellement, la vitesse n’est pas suffisante et ils n’ont pas été conçus pour cela ; ils ont d’ailleurs un profil tourné vers l’intérieur. Mais ils ont avantageusement remplacé les ballasts qu’il fallait remplir ou vider d’eau pour faire le contrepoids nécessaires au redressement du bateau.
13h20. Le spi est déployé, il se gonfle vent arrière. Une séquence sans grande manœuvre se profile. Jules m’invite à me déplacer à l’avant du bateau pour profiter du spectacle. Mais le spi flappe un peu, et j’ai l’impression que cela contrarie Jules. Noé m’explique que le spi idéal vent arrière et bord n’existe pas et qu’il faut fait des choix… Diriger, c’est choisir 🙂
14h20. Jules me propose de prendre la barre. Tu es sûr ? OK. Mode d’emploi : je pousse pour aller à babord et je tire vers moi pour aller à tribord. Viser la bouée, mais avec toutes ces voiles, la visibilité est plutôt réduite. Tant que je n’ai pas de marche arrière à faire, ça devrait aller… J’ai quand même un peu la pression !
14h30. La course est terminée. 15e place/32. Bravo pour une mise en jambe. Retour au port. On rembobine, passage par l’écluse. J’ai pas envie que ça s’arrête. C’est pourtant déjà terminé. Une photo souvenir, Noé aime les casquettes, je lui laisse la mienne orcomienne. C’était top, merci pour votre accueil, merci pour cette expérience magique, merci pour votre gentillesse et votre sourire ! Et bon vent pour les prochains jours de cette compétition magnifique et pour tous les suivants. »